Le Moulin de mes ancêtres
Pendant plus d'un siècle
Le moulin avec ses ailes
Bien installé sur la colline
Domine et produit sa farine
François est le dernier meunier
Sur son moulin, il doit veiller
Jusqu'à l'année mil neuf cent vingt
Surveiller et moudre les grains
Pour savoir d'où vient la tempête
Souvent il surveille sa girouette
Les ailes, il doit déshabiller
Et la toiture réorienter
Et puis un jour de dépression
Une grande tempête a eu raison
Des engrenages et alluchons
De notre pauvre meunier Breton
Fallut bien se rendre à la raison
Des dommages sur l'installation
Se rendre compte des déchirures
Sur les grandes ailes et la voilure
Ne pouvant faire de réparations
Faudra changer de profession
Le haut du moulin démoli
Servit à faire une écurie
A cette époque quand il tournait,
Le bruit des meules on entendait
Jusqu'aux maisons du bourg
Depuis; il est devenu sourd !
Ce cher moulin j'en ai rêvé,
Et dans mes rêves il revivait.
Pendant six mois à peine levé
A ce projet je retournais,
Sa tour : très haute, je la projetais
Semblable à celle de la ²Hautais²
Et comme cela nous la verrions
Sa belle silhouette dans la région
Je demande donc la permission
D'une demande de restauration.
Mais ce que j'avais oublié
C'était
Sans cesse il me fallait fournir,
Documents à n'en plus finir.
Adresser plusieurs missives,
Plans, et notices descriptives
Mais ça y est : aujourd'hui enfin,
J'ai obtenu le parchemin
Qui me permettra dès demain
De restaurer ce vieux moulin
Qui durant toutes ces années
Ne fut jamais abandonné
Malgré son inactivité,
Il fut toujours sollicité
Souvent et aujourd'hui encore
Placé là, il sert de décor
Aux parents et enfants les plus beaux
Qui viennent se faire faire la photo.
En effet ; il est maintenant de tradition
Après chaque fête, bons repas et réunions
Pour les portraits de famille assise sur un banc
Il sert très souvent de décors en arrière plan
Le poème ci-dessus est paru dans le N° 17 (page 15) du magazine de la Fédération des moulins de France: "le Monde des Moulins" internet www.fdmf.fr
La tour de ce moulin construite en 1803 était à l'origine haute d'une douzaine de mètres, solidement construite en petites pierres plates de grès blanc trouvées dans les environs.
La charpente du toit conique était recouverte comme tous les moulins de l'époque de petites lattes de châtaignier moins lourdes et plus résistantes aux vibrations que les ardoises. L'entrée du moulin se faisait par deux portes; une située à l' Est l'autre à l'Ouest en fonction de l'emplacement des ailes, deux cheminées existaient également : une au rez-de-chaussée dont le conduit débouchait sur la façade Nord et la deuxième à l 'étage débouchant sur la façade sud.
Cette asymétrie d'emplacement des cheminées permettait au meunier de pouvoir toujours faire une bonne flambée de feu pour se réchauffer l'hiver mais aussi pour préparer son repas. En effet lorsque le vent soufflait dans l'orifice de cette cheminée, le tirage était impossible et l'intérieur du moulin devenait très vite irrespirable à cause de la fumée refoulée par le vent. C'était aussi une précaution supplémentaire de ne pas mettre le feu à la voilure qui passait devant l'ouverture de la cheminée. Les dernier meuniers ayant fait fonctionner ce moulin à vent sont : mon Arrière-grand-père François et son fils , mon grand père Eugène
On dit que les bons meuniers "naissent le cul sur les meules!". Eugène était de ceux là : Il avait appris son métier tout jeune en regardant son père François travailler. Les moments creux étaient consacrés aux réparations, à l'entretien et au rhabillage (ou picage) des meules avec un marteau pointu en acier trempé pour refaire le rugueux de la surface. Le métier était très difficile. Il ne faut pas oublier qu'étant tributaire du vent les horaires de travail étaient assez imprévisibles. Lorsque le vent soufflait, la journée de travail avait une fâcheuse tendance à se prolonger, voire atteindre les 24 heures. Cette journée devenait donc particulièrement pénible et le lendemain il fallait être à nouveau à la tâche. En effet le meunier est un personnage important et reconnu, il ne doit pas décevoir car il est un maillon très important de la chaîne alimentaire. Le pain est l'aliment de base le plus utilisé à cette époque
L'année 1914 est une année très difficile pour la famille; la grande guerre est déclarée entre l'Allemagne et la France . A 35 ans Eugène doit partir au front. Il laisse sa femme avec ses quatre enfants. Comme toutes les femmes de cette époque elle a su prendre la relève et assurer en l'absence de son mari le fonctionnement du moulin à vent aidée par son beau père qui n'est plus très jeune. Le travail ne manquait pas, pour mettre l'installation en mouvement, on devait orienter la toiture du moulin face au vent et déployer sa voilure. Pour que les ailes soient toujours orientées face au vent et puissent entraîner le mécanisme, la tête du moulin était posée sur un chemin tournant, ce qui permettait de faire pivoter la toiture à 360° et pour cette manœuvre, il fallait à l'aide d'un cheval faire pivoter le toit avec la queue du moulin (composée d'une longue perche en bois), appuyée au sol pour orienter les vergues face au vent. En fonction des vents on devait développer plus ou moins les voiles sur les vergues des ailes. Hélas un jour, une tempête arrive trop rapidement ; les voiles des ailes n'ont pas été réduites assez vite et le moulin s'emballe ; la vitesse de rotation de l'axe qui entraîne le mécanisme des meules est tellement élevée que tous les engrenages en bois volent en éclat. La guerre terminée Eugène revient de la grande guerre. Il découvre les dégâts causés à son moulin. il constate avec tristesse que les « alluchons » sont tous brisés .
L' alluchon était le nom donné aux dents de l'engrenage du grand rouet qui actionnait une roue à pignon qui elle-même entraînait la meule tournante. Ils étaient réalisés dans du bois de pommier. Le moulin est encore en état de fonctionner, mais les travaux pour la remise en état sont tellement élevés que Eugène décide d'arrêter la minoterie. Il faut dire aussi que les moulins après la guerre 14 /18 sont de plus en plus concurrencés par les moulins à eau,
Eugène se tourne alors délibérément et uniquement vers l'agriculture et en 1922, il décide d'agrandir son exploitation. Pour ce faire, il envisage de construire étable et écurie. Le volume de pierres disponible étant insuffisant, il décide de démolir la partie haute du moulin et ainsi récupère les pierres nécessaires à la construction de ce nouveau bâtiment. Il faut dire que le moulin n'était plus entretenu puisque maintenant devenu inutile ; avec les intempéries il perdait petit à petit ses bardeaux de toiture en châtaignier et l'eau commençait son travail de sape. En effet, en ruisselant l'eau de pluie commençait à déjoindre les pierres qui étaient maçonnées seulement avec de la terre argileuse et des lézardes commençaient à être visibles il devenait maintenant dangereux de s'approcher du pied de la tour. Claude