Autour du moulin
Du moulin au four
Tout au bout du petit chemin
Se cache le vieux four à pain
Blotti à l'ombre du moulin
Qui donne farine pour le levain
Pendant longtemps dans la région
Il fut l'unique solution
Pour avoir du pain sur la table
Il était incontournable
Sa voûte est aujourd'hui fendue
D'avoir tant de services rendus
Il est tout de même sollicité
Souvent lors des banquets d'été
Il est alors à l'occasion
Utilisé pour les cuissons
Lorsqu'il est à température
On y enfourne les chapons
Avec autour la garniture
Vient ensuite l'ouverture du four
Les convives s'y pressent autour
On en sort les plats et les terrines
Les effluves viennent à nos narines
On s'en lèche déjà les babines
Le vieux four alors se rendort
Il lui faudra sans doute encore
Attendre patiemment l'an prochain
Pour nous régaler à nouveau du festin
A l'ombre portée du moulin
Banquets d'été
Tous les ans nous avons cette grande réunion
Autour des convives venus de tous horizons
Qu'ils soient de loin ou simplement de la région
Aussi il nous faudra suivant la tradition
Rallumer le four pour cette belle occasion
Après les flammes lorsqu'il n'y a plus que les tisons
Sur la pelle du four on retourne les bannetons
Et l'on enfourne sur la sole chaude tous les pâtons
On y place aussi avec moult précautions
Les plats garnis, de belles poulardes et de chapons
Parfois même nous y mettons le cochon
Nos papilles se mettent en exaltation
Fêtons donc nos retrouvailles et trinquons
Ensemble autour du four pendant la cuisson
Des victuailles en attendant leur dégustation
Le Puits près du moulin
Au fond du jardin, le puits fut creusé
Près du moulin, il y a bien des années
Pour fournir journellement en eau potable
Tous les habitants de la maisonnée
Mais aussi les animaux de l'étable
Par le frottement des seaux remontés
Seulement à la force des poignets
Du matin au soir chaque jour
Avec la longue chaîne sur le tour
Depuis le temps que l'on nous dit
'La vérité est au fond du puits'
S'il le pouvait, il nous dirait
Qu'aux pires moments des pénuries
Sa source, jamais ne fut tarie
Son vieux toit d'ardoise, au fil des années
D'une belle joubarbe fleurie s'est égaillé
A ses pieds aujourd'hui pousse un lierre
Qui s'accroche à lui et qui l'enserre
En lui faisant perdre quelques pierres
L'eau courante, depuis nous avons
Mais parfois encore nous puisons
Son eau en cas de restriction
Du service d'eau de la région
Pour en faire des provisions
De cette eau pour l' existence
Toujours fraîche et délicieuse
Source de vie elle est précieuse
Le petit Ruisseau
Dans l'eau du petit ruisseau serpentant
Se noient mes plus beaux souvenirs d'enfant
Je vois son tracé à travers les prés
Franchissant tous les barrages et les gués
Ma mère y venait hiver comme été
A genoux sur sa planche, manches retroussées
Battoir à la main, le linge était frappé
Puis mis dans l'eau claire, pour y être rincé
Au détour d'une boucle sous les ombrages
Avec des pierres nous faisions des barrages
Pour pêcher grenouilles et autres batraciens
Ou pour faire tourner nos petits moulins
A l'automne, les prairies, il inondait
Au printemps, d'iris d'eau, il se paraît
En l'été ses eaux étaient plus tranquilles
Avec mon père, on y pêchait les anguilles
Nous y faisions le soir, boire les troupeaux
Sur la rive, sous la voûte des sureaux
Je me suis baigné dans son eau douce
Coulant doucement depuis sa source
Souvent près de ses berges odorantes
J'ai accompagné ses eaux bouillonnantes
Je le vois encore coulant dans le vallon
Depuis 'beaucoup d'eau a passé sous le pont '
Le petit bois près du moulin
Dans le champ du bas près du moulin
Nous avons planté des châtaigniers
Des boulots, des chênes et des sapins
Mais aussi des pommiers et cerisiers
Je revois ce terrain d’abord en friche
Les ajoncs et les ronces que l’on défriche
Allongé dans les fougères en été
La nuit je contemplais la voie lactée
Souviens-toi des perdrix dans les buissons
Les passages des lapins dans les ajoncs
Le premier chant du coucou au printemps
Chercher les nids était notre passe-temps
En automne après les champignons
Nous allions cueillir les marrons
L’écureuil sautait dans les noisetiers
Et nous grimpions sur les arbres fruitiers
L’hiver la bruine recouvrait de rosée
Les fougères et les toiles d’araignées
Arrivait la brume et sa couverture
La pluie, le vent glacé et sa froidure
Aujourd’hui, loin de ce petit bois
D’y songer, mon cœur est en émoi
Claude au Cléray
Mes années cinquante
Par les chemins creux et les échaliers
Depuis le moulin nous partons à pieds
A l'école sous le soleil ou le temps gris
Avec les frimas de l'hiver ou sous la pluie
Pour ne pas arriver en classe trop mouillé
Il faut mettre les bottes et puis le ciré
Afin de ne pas salir les beaux souliers
On les place dans la sacoche du bourrelier
On range aussi dans cette musette en cuir
Le repas du midi qu'il faudra faire cuire
Chez le cordonnier, à midi après l'école
On mange parmi les cuirs et les colles
Le jeudi, en ce temps là, il n'y a pas d'école
Avec les copains, on s'amuse et on rigole
Ensemble, on joue à coté du vieux moulin
Dans le sable, à l'ombre, assis avec les chiens
Nos jouets ne sont pas très sophistiqués
Avec les moyens du bord ils sont fabriqués
Sur place : deux morceaux de bois sont assemblés
Des boites '' Hénaff'' pour les roues y sont fixées
Et voici pour nous un tracteur terminé
Que l'on va faire rouler toute la journée
Au printemps, avec le retour des beaux jours
Dans le chemin de la lande, on fait des tours
Les vaches aussi, il faut aller garder
Et surtout ne pas les laisser sauter
Par dessus le petit ruisseau voisin
Pour paître dans les champs de grains
En été, il faudra faucher les blés
Faire les gerbes et les ligaturer
Plus tard, la moissonneuse lieuse
Remplacera la vieille faucheuse
Juste avant de faire les labourages
Pour l'entraide, les défections sont rares
On installe la batteuse et le tarare
On porte ensuite les sacs de blé
Par l'échelle dans tous les greniers
Lorsque les blés ont bien fourni
On fait la fête jusqu'à minuit
On chante et danse pour la ''pare-battre'
Mais demain il nous faudra rebattre
Et continuer ainsi sans répits
Le travail jusqu'au denier épi
''Pare-battre'' =Fête après les battages
(se terminait souvent avec Accordéon et chansons)
Ci -dessous : Battage sur l'aire près du moulin en 1950
Les petits matins
Sur la colline éclairée
Du vieux moulin tronqué
C'est le souvenir passé
De mes jeunes année
Au matin juste réveillé
Toilette à l'eau glacée
Feu dans la cheminée
Des volutes de fumée
Les yeux embrumés
Bruit du moulin à café
Bol de lait frais tiré
Mélange de chicorée
Papa très tôt levé
L'eau du puits tirée
Les chevaux étrillés
Prêts à être attelés
Troupeau dans le pré
Maman très occupée
Repas de midi déjà cuisiné
Ainsi débute la matinée
De mes jeunes années
Pres du moulin étêté
A la communale
Sur le pupitre d'écolier
On fait les pleins et les déliés
Encre violette dans l'encrier
Sergent Major et les pâtés
Dessin du jour à colorier
Crayons couleur dans le plumier
Leçons apprises, méthode 'Boscher'
Jeux de la marelle, corde à sauter
Tableau noir et cri de la craie
Jeux du cerceau et verre de lait
On joue aux billes à la récré
Coup de sifflet il faut rentrer
De cire, il faut encaustiquer
Tous les bureaux en merisier
Dernière journée de cette année
Et c'est les vacances de l'été
Premières vacances
Premières vacances et premiers bains
En route vers
Au transistor à Europe-Un
Il y avait ''Salut les copains''
Franck Alamo et puis Ringo
Dalida et son Bambino
Françoise Hardy et Adamo
Claude Nougaro, Juliette Gréco
C'est la période des baby booms
Et des premières surboums
Les rock' n Roll avec autour
La fête foraine et pommes d'amour
Dans ces années de conscription
Il y a pour tous les garçons
Sous les drapeaux la vie de troufions
La marche au pas et transmissions
Retour civil, années seventies
Pattes d'éléphant, soirées hippies
Bal du samedi soir avec les amis
Chemises à fleurs et panoplies
Cheveux longs très romantiques
Cravate couleur psychédélique
Rocks mais aussi musique celtique
Dassin nous chante l'Amérique
Nouvelles Rencontres, nouvelles idylles
Fat Domino et Blueberry Hill
Il y a Christophe avec Aline
Premiers émois, amours fébriles
Le vieux moulin déchu
LE VIEUX MOULIN DECHU (Sur la cote Bretonne)
Sur la côte sauvage, il est un vieux moulin
Il est encore debout, mais non loin du déclin
Ce vieux moulin sans âme, où perchent les mouettes,
Abandonne son corps au souffle des tempêtes,
Le ciel met sa clarté sous son toit entr’ouvert
Où s’engouffre la voix de ce grand vent de mer.
Oublié et enfermé dans un long silence
Laissé au temps dans son état de somnolence
Sous la toiture de bois pourrit son mécanisme
Le vieux moulin est la victime du modernisme
Ses ailes repliées et déchirées, à nu,
Semblent des bras en croix, sur son cœur qui s’est tu !
Bientôt il risque de n'être plus qu'un souvenir
Mon coeur est triste de le voir ainsi mourir