Le vieux moulin à vent
Grain de folie
Après moult hésitations : Enfin, je me décide
A étudier la généalogie de mes parents
Jusqu'alors, je ne possédais que quelques brides
De l'histoire ancienne de mes ascendants
Ce travail de recherche me permet également
De me pencher sur l'histoire du moulin à vent
L'idée folle me vient alors de le restaurer
Ce moulin sur sa butte et de le surélever
Me plonger dans le souvenir de mes ancêtres
Qui avaient longtemps "cassé la graine"
Permettant aux autres de "casser la croûte"
Me réjouissait, mais il me fallait admettre
Se lancer dans un tel projet est une aventure
Et demande un petit grain de folie bien sûr !
Pour laisser ici, une trace pour toujours
A ce cher moulin, comme un vrai cadeau d'amour
Mais mon projet a bien failli être coulé
Par une administration toujours trop zélée
"A qui comme au moulin et à la mariée !
Il y aura toujours quelque chose d'oublié"
Je sens venir en moi " le vent de la colère"
Je m'attèle alors à nouveau à mon projet
"Apportant cette fois de l'eau à mon moulin "
Pour être conforme à ce qui m'est demandé
J'ai parfois très envie de "jeter mon bonnet
Par-dessus les moulins ", d'abandonner,
Je dois me "battre contre des moulins"
Mais je tiens bon et surtout "je veille au grain"
" Avant moi Cervantès a écrit mon histoire,
Et pourtant je reviens te la mettre en mémoire:
Mais il n'est pas question que je baisse le bras.
L'impossible est possible aussitôt qu'on y croit!
Pauvre Don Quichotte, au cœur un peu fou,
Je suivrai mon rêve jusqu'au bout... "
L'aventure est partout et partout je l'attends...
Je suis prêt à mourir pour un moulin à vent! "
Disait Julio Iglesias dans sa chanson
Pour ma part :
Je ne suis pas près à mourir pour un moulin à vent
Mais tel l'hidalgo don Quichotte de
Avec son valeureux écuyer Sancho Pança
Quant il se bat contre des moulins à vent,
De cette épreuve : J'en sors souvent très moulu
Mais jamais complètement abattu
Ce projet aboutira, j'en suis convaincu
Ce texte m'a été inspiré par toutes les difficultés de l'administration pour l'obtention de la rénovation de ce vieux moulin à vent
La partie haute de ce moulin à vent fut démolie en 1922 pour réaliser d'autres constructions.
La partie basse du moulin ainsi décapitée composée seulement du rez-de-chaussée et du premier étage.Une toiture biaise en ardoise est ensuite posée pour en faire une annexe ce qui lui donnera cet aspect de tour tronquée jusqu'en 2007.
Claude
Une autre raison de cette démolition est qu'à cette époque un impôt taxait tous les moulins à vent en état de marche et cela malgré leur inactivité.
Dans les années 1920, sous le gouvernement de la Troisième République Henry CHERON alors ministre de l'agriculture de Raymond POINCARE admet enfin que l'on cesse d'imposer les moulins à vent non démunis de leurs ailes à condition qu'ils deviennent exclusivement à usage agricole. Mais l'article de la loi est assez vague et le zèle de certains agents de l'administration du fisc pousseront de nombreux propriétaires de moulin à vent à leur démolition complète. C'est ainsi que pendant la période de vingt ans séparant les deux grandes guerres mondiales la plupart des moulins à vent disparurent.
Ironie de l'histoire c'est ce genre d'administration pointilleuse que je rencontrerais quelques quatre vingt cinq années plus tard et qui me mettra des bâtons dans les roues pour la reconstruction de ce même moulin.!...
Le Moulin de mes ancêtres
Pendant plus d'un siècle
Le moulin avec ses ailes
Bien installé sur la colline
Domine et produit sa farine
François est le dernier meunier
Sur son moulin, il doit veiller
Jusqu'à l'année mil neuf cent vingt
Surveiller et moudre les grains
Pour savoir d'où vient la tempête
Souvent il surveille sa girouette
Les ailes, il doit déshabiller
Et la toiture réorienter
Et puis un jour de dépression
Une grande tempête a eu raison
Des engrenages et alluchons
De notre pauvre meunier Breton
Fallut bien se rendre à la raison
Des dommages sur l'installation
Se rendre compte des déchirures
Sur les grandes ailes et la voilure
Ne pouvant faire de réparations
Faudra changer de profession
Le haut du moulin démoli
Servit à faire une écurie
A cette époque quand il tournait,
Le bruit des meules on entendait
Jusqu'aux maisons du bourg
Depuis; il est devenu sourd !
Ce cher moulin j'en ai rêvé,
Et dans mes rêves il revivait.
Pendant six mois à peine levé
A ce projet je retournais,
Sa tour : très haute, je la projetais
Semblable à celle de la ²Hautais²
Et comme cela nous la verrions
Sa belle silhouette dans la région
Je demande donc la permission
D'une demande de restauration.
Mais ce que j'avais oublié
C'était
Sans cesse il me fallait fournir,
Documents à n'en plus finir.
Adresser plusieurs missives,
Plans, et notices descriptives
Mais ça y est : aujourd'hui enfin,
J'ai obtenu le parchemin
Qui me permettra dès demain
De restaurer ce vieux moulin
Qui durant toutes ces années
Ne fut jamais abandonné
Malgré son inactivité,
Il fut toujours sollicité
Souvent et aujourd'hui encore
Placé là, il sert de décor
Aux parents et enfants les plus beaux
Qui viennent se faire faire la photo.
En effet ; il est maintenant de tradition
Après chaque fête, bons repas et réunions
Pour les portraits de famille assise sur un banc
Il sert très souvent de décors en arrière plan
Le poème ci-dessus est paru dans le N° 17 (page 15) du magazine de la Fédération des moulins de France: "le Monde des Moulins" internet www.fdmf.fr
La tour de ce moulin construite en 1803 était à l'origine haute d'une douzaine de mètres, solidement construite en petites pierres plates de grès blanc trouvées dans les environs.
La charpente du toit conique était recouverte comme tous les moulins de l'époque de petites lattes de châtaignier moins lourdes et plus résistantes aux vibrations que les ardoises. L'entrée du moulin se faisait par deux portes; une située à l' Est l'autre à l'Ouest en fonction de l'emplacement des ailes, deux cheminées existaient également : une au rez-de-chaussée dont le conduit débouchait sur la façade Nord et la deuxième à l 'étage débouchant sur la façade sud.
Cette asymétrie d'emplacement des cheminées permettait au meunier de pouvoir toujours faire une bonne flambée de feu pour se réchauffer l'hiver mais aussi pour préparer son repas. En effet lorsque le vent soufflait dans l'orifice de cette cheminée, le tirage était impossible et l'intérieur du moulin devenait très vite irrespirable à cause de la fumée refoulée par le vent. C'était aussi une précaution supplémentaire de ne pas mettre le feu à la voilure qui passait devant l'ouverture de la cheminée. Les dernier meuniers ayant fait fonctionner ce moulin à vent sont : mon Arrière-grand-père François et son fils , mon grand père Eugène
On dit que les bons meuniers "naissent le cul sur les meules!". Eugène était de ceux là : Il avait appris son métier tout jeune en regardant son père François travailler. Les moments creux étaient consacrés aux réparations, à l'entretien et au rhabillage (ou picage) des meules avec un marteau pointu en acier trempé pour refaire le rugueux de la surface. Le métier était très difficile. Il ne faut pas oublier qu'étant tributaire du vent les horaires de travail étaient assez imprévisibles. Lorsque le vent soufflait, la journée de travail avait une fâcheuse tendance à se prolonger, voire atteindre les 24 heures. Cette journée devenait donc particulièrement pénible et le lendemain il fallait être à nouveau à la tâche. En effet le meunier est un personnage important et reconnu, il ne doit pas décevoir car il est un maillon très important de la chaîne alimentaire. Le pain est l'aliment de base le plus utilisé à cette époque
L'année 1914 est une année très difficile pour la famille; la grande guerre est déclarée entre l'Allemagne et la France . A 35 ans Eugène doit partir au front. Il laisse sa femme avec ses quatre enfants. Comme toutes les femmes de cette époque elle a su prendre la relève et assurer en l'absence de son mari le fonctionnement du moulin à vent aidée par son beau père qui n'est plus très jeune. Le travail ne manquait pas, pour mettre l'installation en mouvement, on devait orienter la toiture du moulin face au vent et déployer sa voilure. Pour que les ailes soient toujours orientées face au vent et puissent entraîner le mécanisme, la tête du moulin était posée sur un chemin tournant, ce qui permettait de faire pivoter la toiture à 360° et pour cette manœuvre, il fallait à l'aide d'un cheval faire pivoter le toit avec la queue du moulin (composée d'une longue perche en bois), appuyée au sol pour orienter les vergues face au vent. En fonction des vents on devait développer plus ou moins les voiles sur les vergues des ailes. Hélas un jour, une tempête arrive trop rapidement ; les voiles des ailes n'ont pas été réduites assez vite et le moulin s'emballe ; la vitesse de rotation de l'axe qui entraîne le mécanisme des meules est tellement élevée que tous les engrenages en bois volent en éclat. La guerre terminée Eugène revient de la grande guerre. Il découvre les dégâts causés à son moulin. il constate avec tristesse que les « alluchons » sont tous brisés .
L' alluchon était le nom donné aux dents de l'engrenage du grand rouet qui actionnait une roue à pignon qui elle-même entraînait la meule tournante. Ils étaient réalisés dans du bois de pommier. Le moulin est encore en état de fonctionner, mais les travaux pour la remise en état sont tellement élevés que Eugène décide d'arrêter la minoterie. Il faut dire aussi que les moulins après la guerre 14 /18 sont de plus en plus concurrencés par les moulins à eau,
Eugène se tourne alors délibérément et uniquement vers l'agriculture et en 1922, il décide d'agrandir son exploitation. Pour ce faire, il envisage de construire étable et écurie. Le volume de pierres disponible étant insuffisant, il décide de démolir la partie haute du moulin et ainsi récupère les pierres nécessaires à la construction de ce nouveau bâtiment. Il faut dire que le moulin n'était plus entretenu puisque maintenant devenu inutile ; avec les intempéries il perdait petit à petit ses bardeaux de toiture en châtaignier et l'eau commençait son travail de sape. En effet, en ruisselant l'eau de pluie commençait à déjoindre les pierres qui étaient maçonnées seulement avec de la terre argileuse et des lézardes commençaient à être visibles il devenait maintenant dangereux de s'approcher du pied de la tour. Claude
Restauration du vieux moulin
Le permis de construire est accordé
Les travaux bientôt vont démarrer
Mais il faudra avant de maçonner
Trouver les pierres nécessaires à hourder
Cela ne fut pas simple pour le maçon
De dénicher le volume de moellons
Indispensable à la reconstruction
De cette vieille tour en rénovation
A coup de marteaux, burins et de chasses
Taillant le grès pour lui donner une face
Qui sur le mur, bientôt trouvera sa place
Trouver les blocs supportant les linteaux
Parmi les pierres et moellons les plus beaux
Puis aligner les arêtes au cordeau
Parfaire et rectifier les épaufrures
Au fur et à mesure des embrasures
Pour y placer plus tard les ouvertures
Qui, avec l'aide de ses coéquipiers
Dût assembler les arbalétriers
Depuis les entraits jusqu'aux arêtiers
Le couvreur plaça plus tard les tasseaux
Il fixa les voliges et les liteaux
Sur lesquels il traça lignes de pureaux
Pour la pose des ardoises et du huteau
Et la replacer au-dessus du mur
Aujourd'hui finit la belle aventure
Le moulin désormais a fière allure
Sans les artisans et leur savoir-faire
Pas de contretemps ni de laisser-faire
Jamais travail ne fut à refaire
Maniant le fil à plomb et la truelle
Sur les échafaudages et les échelles
Pour maçonner le mur de la tourelle
Le Charpentier expert en rénovation
Pour mettre en place pannes et chevrons
Sablière, contre-fiches et le poinçon
Avec ses ouvriers de tradition
Toujours présent pour les opérations
De taille d'ardoises en écaille de poisson
Jusqu'à la girouette pour la finition
Le texte ci-dessus est paru dans la revue N° 93 de l'association :
''Sauvegarde des moulins de Bretagne''
Au moulin de mes jeunes années
Sur la colline éclairée
Le moulin fut dressé
Pour y moudre les blés
Longtemps il a tourné
Puis il s’est arrêté
Ses voiles repliées
Et sa tour tronquée
Mais il a résisté
C’est le souvenir passé
De mes jeunes années
Le matin juste réveillé
Toilette à l’eau glacée
Feu dans la cheminée
Des volutes de fumée
Les yeux embrumés
Odeur du pain grillé
Bruit du moulin à café
Bol de lait frais tiré
Mélange de chicorée
Papa très tôt levé
L’eau du puits tirée
Les chevaux étrillés
Prêts à être attelés
Le troupeau dans le pré
Maman très occupée
Repas déjà cuisiné
Ainsi débute la matinée
De mes jeunes années
Aujourd’hui rénové
Après de longues années
Ce moulin du Cléray
Est pour moi une fierté
Articles parus dans la presse
"Le monde des moulins" : Journal mensuel de la Fédération des Moulins de France (FDMF)
internet : www.fdmf.fr
"Ouest France" Journal quotidien régional édition Ille et Vilaine
"ASMB" : Association de Sauvegarde des Moulins Bretons
Ratachée à la FFAM : Fédération Française des Associations de Sauvegarde des Moulins de France
http://www.moulinsdefrance.org/